Ce roman paru en 1884 est très fortement influencé par Baudelaire, tant par le style que par le fond. Il s’ouvre sur une « notice » de quelques pages résumant l’enfance et la jeunesse de son personnage, un certain Des Esseintes. Dernier de sa lignée, issu d’une petite noblesse, il fut élevé assez librement par des parents qui ne s’intéressaient guère à lui. Il mena une scolarité satisfaisante et sans éclat malgré ou à cause de sa grande intelligence qui l’empêchait de faire exactement ce qu’on attendait de lui. Adulte, il fréquenta les milieux littéraires et intellectuels, il eut des liaisons, il goûta à tous les plaisirs charnels qui le tentaient, jusqu’au dégoût. Et c’est un homme revenu de tout et méprisant ses contemporains qui s’établit à Fontenay aux Roses, ville de la banlieue parisienne qui n’était alors qu’une campagne, décidé à s’arranger pour ne voir quasiment jamais ses domestiques ni personne d’autre et vivre en reclus. Le lecteur assiste à ses repas solitaires, il le voit errer d’une pièce à l’autre dans des décors chargés et étranges dont il a minutieusement dessiné les plans : lieux sans fenêtres, architectures semblables à celle d’un navire, amoncellement de bibelots, de livres, de tableaux… Il a encadré trois poèmes de son maître, Charles Baudelaire : « La mort des amants », « L’ennemi » et « Any where out of the world ». Chaque chapitre donne lieu à de longues dissertations sur ce qui le passionne : la peinture, la musique, les parfums, la littérature, l’alcool, les fleurs… Le lyrisme de Huysmans et la violence de ses métaphores sont à double tranchant, rendant la lecture un peu ardue mais lui insufflant tout son intérêt, car sans la richesse de son écriture, on s’ennuierait beaucoup à écouter les jugements véhéments de cet individu à moitié fou et à le voir s’enliser irrémédiablement dans une existence insipide et solitaire. Bientôt hanté par des cauchemars et des visions, il s’enfonce dans la démence. Soudain pris d’un sursaut, il fonce à Paris dans le but d’y prendre un train qui le mènera jusqu’au premier port où s’embarquer pour Londres mais, arrivé en avance dans la capitale, il s’attarde dans un bistrot et laisse passer l’heure, seul au milieu des clients qu’il méprise. Il tombe malade. Le médecin lui préconise de renouer avec une vie sociale et le prévient que c’est pour lui une question de vie ou de mort. Et c’est bien la mort dans l’âme que Des Esseintes se résigne à revenir vivre à Paris et à supporter la présence des autres. Dans un dernier élan, il se plaint alors de ne pas avoir la foi, en pensant que croire en Dieu lui serait secourable. Dans sa préface de 1903, près de vingt ans plus tard, l’auteur affirma que ce livre contenait toute son œuvre à venir et les prémisses de la foi qu’il finit par trouver. C’est assez vrai.
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